
Le 31 mars dernier, j’ai accepté de relever le défi un peu fou d’écrire mon tout premier manuscrit (la date d’échéance étant le 31 mai 2016! ), avec les Éditions du CHU Ste-Justine, la 1re maison d’édition à avoir cru en mon projet et à m’avoir donné ma chance en tant qu’auteure. Je crois que je n’ai jamais ressenti une telle joie de toute ma vie par le simple fait d’appuyer sur “SEND” pour envoyer un courriel, celui renfermant mon manuscrit complété, lu, corrigé, relu et encore révisé.
C’est donc officiel: “Le bilinguisme, un atout dans son jeu – Mythes, réalités et conseils pratiques pour une éducation bilingue réussie” sera publié d’ici l’automne 2016, et je serai au Salon du livre de Montréal entre les 16 et 21 novembre 2016 pour des séances de dédicace! Ce livre concis se veut un guide éducatif et accessible qui combat les idées reçues sur le bilinguisme et le plurilinguisme, fournit des stratégies pratico-pratiques, utiles et applicables au quotidien, répond aux principaux questionnements des parents qui souhaitent éduquer leurs enfants dans un contexte bilingue ou plurilingue, et éclaire les enseignants, éducateurs et autres intervenants œuvrant auprès d’enfants exposés à plus d’une langue.
Les enfants bilingues ou allophones forment la majeure partie de ma clientèle rencontrée en clinique, comme orthophoniste. Quand une population urbaine est en majorité composée d’immigrants, parler plus d’une langue devient une nécessité. Ces dernières années, les parents, éducateurs et enseignants, m’ont inspirée dans la rédaction de mon livre, par leurs questions, leurs témoignages, leurs doutes, leurs inquiétudes et leurs histoires. Plusieurs m’ont fait part des difficultés qu’ils rencontraient à transmettre leur langue maternelle à leurs enfants et à la maintenir active au fil des années, et ceci d’autant plus quand des langues peu valorisées par l’environnement étaient en jeu. D’autres m’ont demandé quelles étaient les meilleures pratiques pour que leur enfant francophone apprenne l’anglais et en vienne à le parler avec aisance, ou au contraire, comment s’y prendre pour qu’un enfant anglophone parvienne à utiliser couramment le français. La difficulté de devenir, d’être ou de rester bilingue se traduit chez beaucoup d’enfants comme une difficulté d’être tout court, d’être bien dans sa peau, avec ses différences.
Y a-t-il un âge propice pour devenir bilingue ? Le plus tôt, le mieux ? Est-ce vrai que les enfants bilingues apprennent à parler plus tard ? Faut-il encourager son enfant à parler plusieurs langues, même s’il présente un trouble de langage ? Faut-il être doué pour apprendre deux langues en même temps ? Devrait-on parler la langue de l’école à la maison pour faciliter les apprentissages scolaires ? Est-ce préférable que chaque parent ne s’en tienne qu’à une seule langue avec son enfant pour éviter la confusion ? Doit-ton s’inquiéter si un enfant mélange deux langues lorsqu’il parle ? Comment mener les enfants vers une compétence bilingue durable ? Quels sont les pièges à éviter ? Quelles sont les meilleures méthodes pour transmettre deux langues simultanément ? Combien de langues un enfant peut-il apprendre ? Quand s’inquiéter et consulter un orthophoniste ? Comment préserver la langue maternelle dans un contexte d’immigration ? Quels sont les ingrédients pour une éducation bilingue réussie ?
Par ailleurs, voici ce que j’ai appris en écrivant mon 1er livre en 60 jours.
- Plus on lit sur un sujet dans le but de s’informer, d’apprendre et de synthétiser ses connaissances, plus on a l’impression qu’on ne connait qu’une infime partie du sujet. C’est parfois difficile de ne pas se faire prendre par le sentiment d’imposteur.
- L’important ne consiste pas à écrire tout ce qui est véhiculé sur le sujet. Il suffit de synthétiser le matériel afin que le lecteur retienne l’idée générale.
- Toujours garder le type de lecteurs identifié présent à l’esprit pendant tout le processus d’écriture. Cette vigilance nous incite à tenir compte de ses besoins.
- Méditer le matin permet d’éviter la tendance à écrire de manière cérébrale seulement. Observer, lire, écouter de la musique, dessiner, peindre sont des activités également suggérées.
- Il s’avère aidant (voire essentiel) d’établir un calendrier de production pour éviter la procrastination et la perte d’enthousiasme devant un projet qui s’éternise. Il faut planifier du temps pour la recherche, la lecture, l’écriture et la correction
- Durant la rédaction d’un livre, une bonne structure est plus importante que la formulation et le raffinement du contenu.
- Un comité de lecture peut être constitué de 2 personnes de confiance qui ne nous flattent pas dans le sens du poil au moment de donner de la rétroaction, mais qui expriment des critiques constructives qui nous permettront de peaufiner le contenu.
- De nombreuses relectures (ne pas lésiner sur cet aspect) sont essentielles pour assurer la lisibilité du texte. Se souvenir que les bons livres ont rarement été bons dès la première mise en forme. C’est dans la réécriture qu’ils le sont devenus.
- L’important n’est pas que le texte franchisse la ligne d’arrivée avec le plus beau style et la plus belle phraséologie. Il doit simplement exprimer, avec précision, le fond de notre pensée.
En terminant, un extrait du livre “Comme par Magie” de Elizabeth Gilbert, que j’ai lu à quelques reprises dans mon processus de rédaction pour m’auto-motiver:
“Créez ce que vous désirez créer – et ne vous inquiétez pas que ce soit prodigieusement imparfait, car il y a toutes les chances que personne ne le remarque. Et c’est génial. […] Regardez autour de vous: les gens ne vont au bout de rien. Ils se lancent dans d’ambitieux projets avec les meilleures intentions, puis ils se retrouvent enlisés jusqu’à la taille dans un bourbier d’incertitudes, de doutes et de pinaillages…et ils arrêtent. Alors si vous êtes simplement capable d’achever quelque chose – simplement l’achever! -,vous aurez déjà largement distancier le peloton, dès le début. Vous voulez peut-être que votre travail soit parfait, en d’autres termes; je veux juste que le mien soit terminé. Terminé aussi bien que je peux le faire en un délai raisonnable – mais surtout, terminé.”